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Роман Александра Герцена «Былое и думы»: Часть пятая. Париж – Италия – Париж (1847–1852). Приложения

Авторские предисловия и переводы

<Предисловие к публикации глав из пятой части в «Kolokol»>

Il у a une dizaine d'années que sous un titre qui n'est pas celui que l'auteur lui a donné: Le monde russe et la Révolution, M. Delaveau a publié une très bonne traduction du russe des premiers volumes de mes Souvenirs et pensées. Cet ouvrage, complètement épuisé maintenant, a eu quelque succès. Des amis que j'estime et au goût desquels j'ai une grande confiance, m'ont exprimé plusieurs fois le désir de voir la traduction des volumes suivants. Je voulais faire l'édition de tout l'ouvrage… Je n'avais pas de traducteur sous la main, et le temps passait.

Sur de nouvelles instances et pour tout arranger, j'ai promis de donner cette automne, dans quelques feuilletons du Kolokol, des fragments du IVe volume, dont la traduction a été faite par mon fils et revue par moi.

Ces fragments n'ont d'autre droit d'hospitalité dans le journal que celui que leur donne le désir de mes amis. Pourtant quelques scènes des temps orageux (1848–1852) du monde européen, décrites par un Russe, et quelques profils de réfugiés «peints par eux-mêmes et dessinés par un autre», – peuvent avoir un intérêt sui generis pour les lecteurs qui ne connaissent pas la langue russe.

21 août 1868.

Hcâteau de Prangins, près Nyon.

ПЕРЕВОД

Лет десять тому назад г. Делаво опубликовал очень хороший перевод с русского первых томов моего «Былое и думы», не тем заглавием, которое было дано автором, – «Русский мир и революция». Это сочинение, теперь уже полностью распроданное, имело некоторый успех. Друзья, которых и уважаю и ко вкусу которых питаю большое доверие, неоднократно высказывали мне желание видеть перевод следующих томов. Мне хотелось издать все сочинение целиком… Под рукой у меня не было переводчика, а время шло…

Вследствие новых настойчивых просьб и чтобы все привести в порядок, я обещал опубликовать нынешней осенью в нескольких фельетонах «Kolokol» отрывки из IV тома, перевод которых был выполнен моим сыном и просмотрен мною самим.

Эти отрывки имеют право на гостеприимство в нашей газете только вследствие желания моих друзей. Однако некоторые сценки из бурных времен (1848–1852) европейского мира, описанные русским, и несколько профилей изгнанников, «изображенных ими самими и нарисованных другим», могут иметь интерес sui generis[419] для читателей, не знающих русского языка.

21 августа 1868 г.

Замок Пранжен, близ Ниона.

<Глава XXXVII>

La lettre n'arrivait pas, et cela le tourmentait beaucoup, il m'en parla souvent. Un jour, pendant notre dîner en présence de deux-trois personnes nous vîmes entrer le facteur dans l'antichambre – il m'apportait un journal. Orsini lui fit demander s'il n'y avait pas de lettre pour lui – on lui apporta une; il jeta un coup d'œil rapide et indifférent sur le contenu, hocha la tête – et continua la conversation. Lorsque nous restâmes seuls, Orsini me prit la main. «Ah, – dit-il, – je respire enfin, j'ai reçu la réponse… tout va bien!» Moi, qui savait quel prix il attachait à la lettre… j'ai été trompé par son apparence. Un tel homme était né pour être conspirateur – aussi le fut-il toute sa vie.

…Et que fit-il avec son énergie?

Et que fit Garibaldi avec son courage, Mazzini avec sa persistance, Pianori avec son revolver, Pisacane avec son drapeau… et les autres martyrs dont le sang n'est pas encore effacé. ' Qu'ont-ils fait?

«Divina Commedia» – ou plutôt «Commedia» tout simplement dans le sens employé par le pape Ghiaramonti dans son entrevue avec l'autre Napoléon à Fontainebleau…

Passons maintenant encore une fois à notre brave Bürger Struve – dictateur-prophète, Cromwell et Jean de Leyde du Grand Duché de Bade – et ses collègues.

Mais avant d'en parler je désire ajouter encore quelques considérations générales sur les Umwälzunge Männer allemands[420].

Il faut admettre en thèse générale que les Allemands réfugiés étaient scientifiquement mieux développés – que les réfugiés des autres peuples – mais cela ne leur profitait pas beaucoup.

Leur langue sentait l’«aulx» académique et les premières tragédies de Schiller, ils avaient une gaucherie remarquable dans tout ce qui était pratique et un patriotisme irritable, très chauvin à sa manière et navigant sous le drapeau du cosmopolitisme.

Après les soulèvements des paysans et la guerre de trente ans – les Allemands ne peuvent se remettre – et le sentent[421]. Napoléon a fait tout son possible pour les réveiller – cela n'a pas réussi – il n'avait pas eu encore le temps de traverser l'Océan, que les vieux magnétiseurs – les rois, les professeurs, les théologues, les idéalistes et les poètes endormaient déjà toute l'Allemagne.

Les Allemands étudient très <…>[422] les classes, ils ont toujours des «<…>[423]comme la vie est courte et la science <est lon> gue[424]; – ils meurent avant de terminer leurs études. La vie réelle de l'Allemand est dans la théorie, la vie pratique n'est qu'un attribut, une reliure pour tenir les feuilles – et c'est là qu'il faut chercher la cause de ce que les Allemands les plus radicaux dans leurs écrits – restent très souvent «philistins» dans leur vie privée. A force de s'affranchir dé tout – ils s'affranchissent des conséquences pratiques de l'application de leurs doctrines. L'esprit germanique saisit dans les révolutions – comme dans tou – l'idée générale et cela dans son sens absolu – sans jamais aller à la réalisation.

Les Anglais, les Français ont des préjugés que l'Allemand a rarement – et ils sont de bonne foi conséquents et simples. S'ils se soumettent à des vieilleries qui ont perdu le sens commun – c'est qu'ils les reconnaissent comme vraies et immuables. L'Allemand ne reconnaît rien, excepté la raison – et se soumet à tout – c'est à dire il se sert selon les circonstances des préjugés vulgaires.

Il est très habitué à un petit comfort, «an Wohlbehagen» – et lorsqu'il passe de son cabinet d'étude dans son salon, dans le Prunkzimmer ou dans la chambre à coucher, il sacrifie sa libre pensée – à l'ordre et à la cuisine. L'Allemand au fond est très sybarite, on ne le remarque pas parce que ses moyens modiques et sa vie sans bruit ne font pas d'effet – mais un Esquimau qui sacrifierait tout pour avoir de l'huile de morue à volonté est aussi épicurien que Lucullus. De plus, l'Allemand lymphatique s'appesantit vite et prend mille racines dans un genre de vie donnée. Tout ce qui peut altérer ses coutumes – l'effarouche et le met hors de lui.

Les réfugiés allemands étaient de grands cosmopolites – «den Standpunkt der Nationalität haben sie überwunden». Ils sont prêts à accepter la république universelle, à effacer les frontières entre les Etats – pourvu que Trieste et Dantzig restent à l'Allemagne unie. Les étudiants de Vienne ont formé une légion – lors de l'invasion de la Lombardie par Radetzki – conduits par un brave professeur, ils prirent un canon – et le donnèrent en souvenir à la bonne ville d'Innsbruck.

Avec ce patriotisme chatouilleux et un peu accapariste l'Allemagne regarde avec souci – à droite et à gauche. D'un côté il lui semble toujours que la France traverse le Rhin. De l'autre – que la Russie passe le Niémen – et un peuple de vingt – cinq millions se sent orphelin sans protection entre ces deux brigands de grandes routes. Pour se consoler en attendant l'invasion l'Allemand démontre «ex fontibus» que la France latine – n'est plus et que la Russie byzantine n'est pas encore.

Les paisibles professeurs, docteurs, théologues, pharmaciens et philologues – qui se rassemblaient dans l'église de Saint Paul à Francfort – après 48 – applaudissaient aux Autrichiens en Italie et ne voulaient entendre les plaintes des Polonais de la Posnanie comme entachées de nationalisme prussien. Le parlement allemand était très belliqueux – rêvait à une flotte allemande et jetait déjà ses yeux sur Schleswig-Holstein – «stammverwandt»…

La révolution de 48 avait partout quelque chose de précipité, d'inachevé, de nonsoutenu – mais elle n'avait ni en France, ni en Italie rien de si drôle – comme en Allemagne.

<Глава XXXVIII>

Les montagnes et les montagnards – Wiatka et Monte-Rosa – 1849

(Fin du chapitre)

…Je quittai Paris avec empressement; j'avais besoin de détourner les yeux d'un spectacle qui me navrait le cœur – je cherchais un coin tranquille, je ne le trouvais pas à Genève. C'était le même milieu réduit à de petites proportions. Rien de plus monotone et de plus lourd que les cercles politiques après une défaite complète – récriminations stériles, stagnation obligatoire, immobilité par point d'honneur, attachement aux couleurs fanées, aux fautes manifestes par un sentiment de devoir et de piété. Un parti vaincu se tourne constamment vers le passé, n'avance qu'à reculons, se fait monument, statue, comme la femme de Loth – moins le sel.

Je me sauvais quelquefois de cette atmosphère suffocante… dans les montagnes.

Là, sous la ligne dure de la neige existe encore une race de paysans forte, presque sauvage… et cela à quelques lieues d'une civilisation qui tombe des os, comme les chairs d'un poisson trop faisandé. Il ne faut pas confondre avec ces paysans des montagnes, le paysan bourgeois des grands centres suisses, ces caravansérails où une population avide et mesquine existe aux frais de la population ambulante des touristes qui s'accroît tous les ans.

…Une fois j 'allai à Zermatt. Déjà, à St. Nicolas, nous sortîmes de la civilisation. Un vieux curé, qui hébergeait chez lui des voyageurs, me demanda, c'était au mois de septembre 1849, quelles étaient les nouvelles de la révolution à Vienne et comment allait la guerre de Hongrie. C'est là que nous prîmes des chevaux. Fatigués d'une ascension lente de quelques heures, nous entrâmes dans une petite auberge pour nous reposer et donner un peu de repos aux chevaux. La paysanne, femme d'une quarantaine d'années, maigre, osseuse, mais haute de taille et bien conservée, nous apporta tout ce qu'elle avait dans la maison. Ce n'était pas beaucoup. Du pain dur comme une pierre – le pain n'est pas facile à avoir sur ces hauteurs,on l'apporte des vallées une fois par semaine l'été, et deux ou trois fois par mois le reste de l'année; – du mouton séché et fumé, du lièvre sec, une omelette, du fromage et une bouteille de kirsch. Les deux guides mangèrent et burent avec nous. Je demandai en partant combien il fallait payer. Après avoir longuement pesé et calculé, elle nous dit que, comptant tout, le restant du kirsch que nous voulions prendre avec nous y compris, elle pouvait bien demander cinq francs. Etonné du bon marché, je lui dis: «Comment, les guides compris?» La bonne femme ne me comprenant pas ajouta: «Si cela vous paraît trop, donnez quatre francs et demi, cela sera suffisant…»

…En 1835, je traversais par la poste les forêts du gouvernement de Perm, accompagné d'un gendarme et allant en exil. A un relais je priai une jeune paysanne, assise devant sa maison, de me donner du kwass à boire. – «Il est trop aigre chez nous, mais je t'apporterai de la bière, il nous en reste de la fête». Sur cela elle m'apporta une assez grande cruche de terre remplie de cette bière épaisse que les paysans fabriquent eux-mêmes sous le nom de braga. Moi et le gendarme nous bûmes presque tout le contenu. En rendant la cruche à la paysanne, je lui glissai dans la main une pièce de quinze sous; elle me la rendit de suite en disant: «Non, non, nous ne vendons pas, ce n'est pas bien de pren dre de l'argent d'un voyageur, et encore bien moins d'un… qui…» Elle montra des yeux le gendarme. «Mais, chère amie, lui dis-je, – cela ne nous va non plus de boire ta bière sans la payer; prends donc la pièce pour acheter du pain d'épice aux enfants» – «Non, non, je ne prendrai rien, et n'aie pas de scrupules; si tu as trop d'argent, donne-le à un mendiant ou mets un cierge au bon Dieu».

Sur toute la frontière de la Sibérie, de ce côté des monts oura-liens, les paysans ont coutume de mettre devant la fenêtre un morceau de pain avec du sel, quelquefois un petit pot de lait du kwass. C'est pour les malheureux. С est ainsi qu'ils appellent tous les condamnés qui s'évadent de la Sibérie et qui n'oseraient ni frapper à la porte,ni passer le jour par un village. J'ai trouvé quelque chose de pareil en Suisse. Sur les hauteurs, là où le granit perce déjà comme le crâne dénudé d'un homme demi-chauve, et où un vent glacial souffle sur des plantes desséchées et presque mortes, j'ai trouvé des cabanes de chasseurs quelquefois inhabitées, mais ayant la porte non cadenassée. En entrant, on trouvait du pain, du fromage. Le voyageur égaré ou surpris par le mauvais temps y entre, reste pendant la bourrasque, mange et quelquefois laisse un gros sou sur l'assiette, plus souvent rien.

– Et on ne vole jamais? – dis-je à mon guide.

– Non, Herr!

Ce ne sont pas des hommes encore!

Après avoir quitté la vieille – qui avait conscience de prendre cinq francs pour la nourriture de quatre individus et de deux chevaux, y compris une bouteille entière de kirsch – nous continuâmes notre route par une montée plus rapide. Le chemin – mince incision dans le roc – n'avait parfois qu'un mètre de largeur et serpentait sous des rochers suspendus sur nos têtes, frisant la lisière d'un précipice qui devenait de plus en plus profond. Tout en bas s'élançait, avec bruit et fureur, le Wesp, comprimé dans un lit étroit; il se hâtait évidemment de sortir au large. Il y a trop du Salvator Rosa dans ces ascensions. Cela use les nerfs, les fatigue, les accable… Des heures et des heures passent, le spectacle est le même… D'autres rochers froncent les sourcils et sont prêts à vous pousser dans l'abîme; le Wesp mugit; tantôt visible et couvert d'écume blanche, tantôt se perdant derrière des montagnes, des forêts de sapin; les fers du cheval résonnent sur la pierre, les guides répètent les mêmes deux notes: «Oh – Eh! I–Ve!» Les contours s'effacent, une transpira' tion de brouillard se lève des abîmes… Le Wesp mugit, les pas des chevaux résonnent. – «Oh – Eh! – I–Ve!» – Cela agace les nerfs, cela les irrite.

Zermatt est entouré de montagnes, presque adossé au Mont-Rose; il faisait nuit derrière ce paravent colossal. – Lorsque nous entrâmes dans une petite auberge, la seule de l'endroit en 1849, nous y trouvâmes encore un voyageur – c'était un géologue écossais – et la maîtresse de la maison. Nous étions autour d'une table en attendant le souper, lorsque le géologue nous dit: «Messieurs, c'est un bruit de sonnettes de chevaux ou de mulets!» – «Oui, oui, – dit la maîtresse, en écoutant attentivement. – Voilà du fort! grimper cette montagne lorsqu'on ne voit pas sa propre main». Elle prit une lanterne et alla à la rencontre; nous allâmes l'accompagner. – On entendait les sonnettes de plus en pins; quelque chose se détacha du fond noir, et une minute après une Anglaise, raide, haute et en amazone, descendit tranquillement de cheval, comme si elle revenait à la maison après une promenade à Hyde-Park; le second cavalier était son fils, un garçon de treize à quatorze ans. – La dame entra dans la chambre et demanda du thé. Le géologue l'avait déjà rencontrée et lui adressa la parole. Un quart d'heure après, elle dit à son fils d'aller demander aux guides combien de temps il leur fallait pour faire reposer et nourrir les chevaux.

– Comment! – dit l'Ecossais, – vous voulez partir par cette obscurité?

– Nous descendons, – dit-elle, – de l'autre côté, du côté italien du Monte-Rosa.

– Tant pis, vous avez une mauvaise descente. Restez ici jusqu'au matin.

– Je ne le puis, j'ai d'avance disposé du temps et on nous attend.

Deux heures après, l'Anglaise se mit à cheval, son fils monta gaiement le sien, et j'ouvris la fenêtre pour entendre le diminuendo des sonnettes qui s'éloignaient.

Quelle femme! Quelle race!

Le lendemain, avant le lever du soleil, nous prîmes un troisième guide qui connaissait bien les sentiers et sifflait encore ieux des chansons suisses. Nous avions l'intention de monter jusqu'à l'endroit où l'on pouvait encore aller à cheval.

J’avais peur que la journée ne soit manquée, un brouillard blanchâtre couvrait tout, et cela si bien qu'on ne voyait pas même le mont Cervin. Lе maître de l'hôtel vint jeter encore plus de trouble dans mon âme en disant: «Ia, ia, der Wetterhorn s'isch ein grosser Herr, lässt sich nik immer sehe lasse fur Jederman». Heureusement, «le grand seigneur de Cervin» était de bonne humeur et apparût bientôt dans toute sa splendeur.

Une pluie fine et froide remplaça le brouillard, et peu après, pluie et brouillard étaient au-dessous de nous un océan de fumée, un monde en fusion. Au-dessus, le ciel bleu et pur.

Victor Hugo nous raconte «ce que l'on entend sur la montagne» Il faut supposer que la montagne du haut de laquelle il a entendu tant de belles choses n'était pas très haute. La première chose qui me frappa sur ces hauteurs, c'est l'absence de tout bruit de tout son. On n'entend rien, absolument rien.

De temps en temps, le tonnerre éloigné des avalanches qui tombaient du mont Cervin, venait rompre pour un instant ce silence diaphane, visible, sonore, oui, sonore, je n'ai pas d'autre mot. La grande raréfaction de l'air donne une voix à cette tranquillité minérale, à cet éternel sommeil inorganique, à ce mutisme élémentaire.

C'est la vie qui s'agite, qui se démène, qui crie et tapage; ici elle est dépassée; elle est restée là-bas sous le brouillard. Les plantes mêmes, ces sourd-muets de la nature, disparaissent et me sont représentées que par les algues desséchées, grisonnantes, à demi gelées.

Encore quelques pas – le froid devient plus intense, le verglas qui ne dégèle jamais s'épaissit et forme une croûte continue de neige. C'est la frontière de la planète. Plus loin, rien que la glace et le rocher. Au delà rien ne se passe, à l'exception de quelques sons mécaniques, des fissures, des éboulements. Au-delà il n'y a personne. Un seul animal, le plus curieux de tous, y va à travers les périls et les dangers, pour jeter un coup d'œil sur ce vide infini, sur ces points proéminents qui marquent les limites de la terre, pour y respirer la glace et l'immensité et descendre au plus vite dans son milieu plein d'angoisse et de misère, – mais où il est à la maison.

…Nous nous arrêtâmes. Arrivés à la mer glaciale, enlacée par une série de montagnes, elle avait l'air d'un immense Colisée, inondé par des vagues surprises par un froid glacial, qui les arrêta court au milieu du plus grand élan.

Les lignes du mouvement s'arrêtèrent sans avoir eu le temps de se déployer en lignes droites,'en lignes de repos, et portant à tout jamais l'immobile trace du mouvement suspendu.

Je m'éloignais tout seul à quelque distance, et je m'assis en m'adossant à un bloc de granit, chaviré et enfoncé là dans la neige par je ne sais quel caprice des glaces. Une blancheur sans fin, sans voix s'étendait devant moi; un petit vent soulevait de temps en temps une légère poussière de neige, la tournait, la laissait tomber, et tout rentrait dans le silence blanc et muet. Une avalanche roula, se brisant et laissant à chaque coup un nuage glacial qui scintillait et disparaissait.

L'homme se sent mal dans ces cadres. Dépaysé, ému, triste, il e sent étranger, superflu, étonné. Et pourtant il respire plus largement et semble, pour un instant, devenir lui-même blanc et comme cette neige, austère et sérieux comme le linceuil qui couvre ce cadavre de la nature sévère et morte!

<Раздумье по поводу затронутых вопросов>

I

…D'un côté la famille irrévocablement soudée, rivée, fermée à perpétuité – telle que Proudhon l’а rêvée, le mariage indissoluble de l'église, le pouvoir du pater familias romain – illimité… la famille absorbante, dans laquelle les individus – sauf un seul – sont victimes pour un but commun; le mariage consacrant l'inaltérabilité des sentiments, l'éternelle inviolabilité d'un pacte… De l’autre, les nouvelles doctrines dans lesquelles les liens du mariage et de la famille sont déliés, l'irrésistible puissance des passions – reconnue comme ayant droit, l'indépendance du passé admise et partant de la facultative des engagements.

D'un côté la femme – traînée au pilori, presque lapidée pour ce qu'on appelle la trahison – sans approfondir les causes. – De l’autre – la jalousie même mise hors la loi – comme un sentiment égoïste, maladif, propriétariste, romantique qui altère et empoisonne les notions simples et naturelles.

Où est la vérité? Au moins la diagonale. Il y a déjà vingt trois ans que je cherche un chemin pour sortir de ces contradictions, et c'est encore en 1843 que je tâchais pour la première fois à m'orienter dans ces ténèbres.

Nous sommes très courageux dans la négation et toujours prêts à jeter à l'eau chaque idole. Mais les idoles de la famille et de la vie domestique sont «waterproof» et reviennent toujours à la surface. Ils n'ont pas de sens quelquefois – mais ils ont la vie dure; les armes que l'on a employées contre eux – glissèrent sur leur écaille, les renversèrent, les abasourdirent – mais ne les tuèrent pas.

Jalousie… Fidélité… Pureté… Innocence… Trahison… Sombres puissances, verbes terribles au nom desquels coulèrent des torrents de sang, des torrents de larmes… Ces mots nous font frémir comme le souvenir de l'inquisition, de la torture, de la peste – et ils sont suspendus sur notre tête comme le glaive de Damoclès – et c'est sous ce glaive qu'a toujours vécu et vit encore la famille.

Il n'est pas facile de les mettre à la porte par des négations injurieuses. Ils restent derrière le coin et sommeillent – tout prets d'accourir à la première alarme – et dévorer tout – tout ce qui est près – tout ce qui est loin… anéantir nous-mêmes.

La bonne intention d'éteindre à fond ces incendies – à ce qu'il paraît n'est pas possible, il faut peut-être se résigner à diriger le feu d'une manière humaine, à le dompter et dominer. On ne peut également ni'finir avec les passions – par la logique, ni les faire acquitter par les tribunaux. Les passions sont des faits et non des dogmes – on peut sévir contre elles, mais non déraciner.

La jalousie, plus encore, jouissait des droits exceptionnels. Au lieu de frein et de résistance – elle ne trouvait qu'encouragements et sympathie. Par sa propre force – passion violente, ardente – au lieu d'être domptée – elle était poussée en avant par le chœur.

La doctrine chrétienne – qui à force de mépris et de haine pour le corps – met si haut tout ce qui est charnel, le culte aristocratique de la race, de la pureté du sang – développèrent jusqu'au monstrueux la notion de la suprême offense, de la tache irréparable. La jalousie reçut en main le jus gladii, le droit de juger dans sa propre cause et de se venger. Elle devint un devoir de l’honneur, presqu'une vertu. Tout cela ne peut soutenir la moindre critique – mais ce qui est très important – en dehors de cela il reste toujours quelque chose de réel, un sentiment de douleur, de malheur, sentiment élémentaire – commel'amour même, faisant face à toute négation – irréductible, invincible.

Nous voilà encore une fois devant les fourches Caudines des antinomies. Le vrai et le faux sont de deux côtés. Un entweder – oder courageux n'avance en rien la question. Au moment où l'on croit avoir fini d'un de deux termes – par la négation… il réapparaît d'un autre côté, comme la nouvelle lune – après le dernier quart.

Hegel faisait absorber les antinomies dans l'esprit absolu… Proudhon – dans l'idée de la justice.

L'absolu est un dogme philosophique, la justice peut sévir, condamner – mais n'a réellement pas de prise sur les passions. La passion est par sa nature injuste, partielle. La justice fait abstraction des individualités, elle est unipersonnelle – la passion est par excellence individuelle, partielle.

Radicalement anéantir la jalousie veut dire en même temps l’anéantissement de l'attachement personnel – en mettant à sa place un attachement pour le sexe. Mais ce n'est que l’ individuel, que le personnel qui nous plaît, qui nous entraîne, qui donne le coloris, le son, le sens, la passion. Notre lyrisme est un lyrisme personnel, notre bonheur et malheur – sont personnels Le doctrinarisme avec toute sa logique – nous relève aussi peu de nos peines – comme les «consolations» des Romains avec toute leur rhétorique. Il est impossible d'essuyer les larmes de tristesse près du cercueil et les larmes – emprisonnées – de lajalousie – heureusement il n'y aura besoin de le faire. A quoi on peut parvenir – et à quoi on doit parvenir – c'est que ces larmes coulent humainemen – purifiées de l'intolérance d'un moine, de la férocité d'un animal carnassier, de la rage d'un propriétaire volé qui se venge.

II

Réduire le rapport de l'homme et de la femme à une rencontre fugitive, momentanée, sans trace – est, il nous semble, au même degré impossible que de river un homme et une femme jusqu'à la tombe – dans un mariage indissoluble. Les deux cas peuvent se rencontrer dans les extrémités des relations sexuelles et matrimoniales – comme des cas particuliers, comme des exceptions – mais non comme norme. Le rapport de hasard cessera ou tendra à une liaison plus durable, le mariage indissoluble – à l'émancipation d'un devoir sans fin, à l'affranchissement d'une chaîne, peut-être volontairement acceptée – mais toujours une chaîne.

La vie protestait constamment contre ces deux extrêmes. L'indissolubilité dumariagea ete acceptee hypocritement ou sans s'en rendre compte. Une rencontre de hasard n'avait jamais d'investiture – on la cachait – comme on se vantait du mariage. Tous les efforts pour réglementer officiellement les maisons publiques – scandalisèrent l'opinion publique, le sens moral – nonobstant leur caractère de restriction. On voit dans la réglementation même une reconnaissance.

L'homme sain fuit également le cloître et le haras, la stérile abstinence du moine et l'amour stérile des courtisanes.

Pour le christianisme plein de contradictions entre le dogme et la pratique – le mariage est une concession, une faiblesse. Le christianisme tolère le mariage comme la société tolère le con cub in at. Le prêtre est élevé au célibat à perpétuité, – en récompense de sa victoire sur la nature humaine.

Rien d'étonnant que le mariage chrétien est sombre et triste, injuste et accablant – il restaure l'inégalité contre laquelle prêche l'évangile et rend la femme esclave de son mari. La femme est sacrifiée par rancune, l'amour (détesté par l'église) puni en elle, elle est sacrifiée par principe. – Sortant de l'église l’amour devient de trop, il cède la place au devoir. Du sentiment le plus lumineux, le plus plein de bien-être – le christianisme fait une souffrance, une douleur, un péché, une maladie. Le genre humain devait périr – ou être inconséquent. La vie ne cessait de protester.

Elle protestait non seulement par des faits – reniés par le faits – reniés par le repentir et les remords – mais par la sympathie et la réhabilition. Cette protestation commença au plus fort du catholicisme et de la féodalité.

Rappelez-vous l'existence sombre de ces temps poétisés de la chevalerie? – Un mari terrible, Raoul Barbe Bleu, armé jusqu'aux dents, jaloux, sans pitié, à côté un moine, aux pieds nus, fou par fanatisme, prêt à venger sur les autres ses privations, sa lutte mutile, – des écuyers, des geôliers, des bourreaux… – et quelque part dans un donjon ou une tourelle, dans une cave ou une oubliette – une jeune femme en larmes, le désespoir dans le cœur, un page enchaîné… et pas une âme qui s'en inquiète. Tout est inexorable dans ce monde, partout la force, l'arbitraire, le sang, l'esprit borné… et les sons nasillards d'une prière latine.

Mais derrière le dos du moine, du confesseur, du geôlier – complices du mari – sentinelles féroces de l'honneur du mariage, en compagnie avec les frères et les oncles de l’époux et de l’épouse… se forme la legende populaire, retentit la complainte – et s'en va d'un village à l'autre, d'un château à l'autre… avec le troubadour ou le minnesinger chantant les malheurs de la femme… la complainte est toujours pour elle. Le tribunal sévit – la chanson absout. L'église maudit l'amour hors du mariage, la chanson maudit le mariage sans amour. Elle prend cause et fait pour le page amoureux, pour la femme aimante, pour la fille opprimée – non par des raisonnements, mais par les larmes, par la compassion. La chanson populaire – c'est la prière laïque du peuple, l'autre issue dans sa vie de misère, de travail, de faim, d'angoisse. Les jours de fête après les lithanies à la Vierge – on pleurait les complaintes pour la malheureuse femme, que l'on n'attachait pas au pilori – mais pour laquelle on priait – et que l'on recommandait à protection et aide – de la Mater dolorosa.

Des chansons et complaintes – la protestation s'accrut peu a peu – en roman et drame. Dans le drame elle devient force. L’amour offensé, refoulé, les noires mystères de la vie de famille – ont acquis leur tribune, leur tribunal, leurs jurés. Les jurés du parterre et des loges – acquittaient toujours les personnes et accusaient les institutions…

Bientôt le monde commençant à se séculariser, soutenant le ariage – cède. Le mariage perd en partie son caractère relieux et acquiert une nouvelle force policière et administrative. Le mariage chrétien ne pouvait se justifier que par l'intervention d'une force divine – il y avait une logique en cela, login folle… mais conséquente. Le fonctionnaire de l'Etat qui met son écharpe tricolore et vous marie le code en main – est plus absurde que ne l'est le prêtre – officiant dans son costume sacerdotal, entouré de bougies, d'encens, de musique. La prenier consul Bonaparte lui-même – l'homme le plus prosaïquement bourgeois par rapport à l'amour, à la famille – s'était aperçu que le mariage dans une maison de police était par trop piètre – et demandait à Cambacérès – d'ajouter quelques phrases obligatoires aux paroles du maire, quelque chose de relatif «au devoir de la femme de rester fidèle à son mari» (du mari pas un mot) – de lui obéir, etc.

Dès que le mariage sort des domaines de l'église, il devient un expédient, une simple mesure d'ordre publique. C'est aussi de ce point de vue que l'on envisage les nouveaux Barbe Bleu – législateurs et notaires – rasés et poudrés, en perruques d'avocats en soutane de juge – prêtres du Code Civil et apôtres de la Chambre des Députés.

Le mariage civil n'est au fond qu'une mesure économique, l'émancipation de l'Etat de la lourde charge d'éducation – et l'asservissement renforcé de l'homme à la propriété. Le mariage sans l'intervention de l'église devient un engagement pur et simple, engagement à vie de deux individus qui se livrent mutuellement. Le législateur ne s'inquète pas de leurs croyances, de leur foi, – il n'exige que la fidélité au contrat et s'il est rompu – il trouvera des moyens pour le punir. Et pourquoi pas? En Angleterre, dans ce pays classique du droit individuel – on emploie des punitions inhumaines contre de pauvres enfants de seize ans – enrôlés entre deux verres de gin par un vieux débauché de soldat – un mucker de caserne – au profit d'un régiment de Sa Majesté. – Pourquoi donc ne pas punir par l'opprobre, la honte, la ruine, la petite fille qui déserte – après s'être engagée, sans bien savoir ce qu'elle fait, à aimer à perpétuité un homme qu'elle a à peine connu – plus encore, on la livre à son ennemi, à son propriétaire, comme le déserteur à son lupanar de sang – le régiment, lui, il saura de son côté la punir pour avoir oublié que le mariage comme les season-tickets ne sont pas transférables.

 

Les «Barbe Bleu» rasés trouvèrent aussi leur troubadours et romanistes. Contre le mariage – contrat indissoluble – s'élève bientôt le dogme psychiatrique, physiologique, – le dogme de la puissance absolue de la passion et de l'incompétence de l'homme à lutter contre elle.

Les esclaves à peine émancipés du mariage se font serfs volontaires de l'amour libre… de cette puissance sans contrôle – et contre laquelle toutes les armes sont faibles.

Tout contrôle de l'intelligence est éludé – elle n'a rien a y voir toute domination de soi-même – déclarée nulle ou impossible. L'asservissement de l'homme à des puissances fatales, insoumises à lui – est l'œuvre toute contraire de l'émancipation de l'homme dans la raison, de l'éducation de l'homme et de son caractère – but vers lequel doit tendre toute doctrine sociale.

Les puissances fictives – si les hommes les acceptent pour des réelles – en ont toute l'intensité et toute la force – et cela parce que le fond, le substratum que l'homme donne ou apporte est le même. Un homme qui craint les revenants et celui qui craint in chien enragé–ont la même crainte etles deux peuvent mourir par la frayeur. La différence consiste en cela que dans un de ces cas il y a une possibilité de prouver que le danger est fictif – tandis que c'est impossible dans l'autre.

Moi je nie complètement la place royale que l'on donne à l'amour. Je nie sa puissance souveraine et illimitée, je proteste de toutes mes forces contre l'infaillibilité des passions, contre l'éternel acquittement de tous les faits – par des entraînements au-dessus des forces de l'homme.

Nous nous sommes émancipés de tous les jougs: de Dieu et du diable, du droit romain et du droit criminel, nous avons proclamé la raison – comme seul guide et régulateur de notre conduite – et tout cela pour nous prosterner aux pieds d'Omphale comme Hercule et nous endormir sur les genoux de Dalila en perdant toute là force acquise…

Et la femme… est-ce que vraiment elle a passionnément cherché son affranchissement de l'autorité de la famille, de la tutelle éternelle, de la tyrannie du père, du mari, du frère… cherché ses droits au travail, à la science, à une position sociale – pour recommencer une existence de roucoulement d'une colombe et de dépendre d'une dizaine de Léons Léon – au lieu d'un seul?..

Oui, c'est la femme que je plains le plus, le Moloch de l'amour la perd plus irrévocablement. Elle croit en lui beaucoup plus et elle souffre plus. Elle est plus concentrée sur son rapport sexuel que l'homme, elle est plus réduite à l'amour. On lui tou<rne>[425] plus l'esprit qu'à nous-et on lui diver<tit>[426] moins la raison.

C'est la femme que je plains le<plus>[427].

III

En général, la femme est loin d'être fautive de ses préjugés et de ses exagérations – qui donc a sérieusement pensé de détruire, de déraciner dans l'éducation même de la femme – les unestes préjugés qui se transmettent de génération en génération? Ils sont quelquefois brisés par la vie, par les rencontres, mais le plus souvent c'est le cœur qui se brise et non le préjugé – quelquefois les deux à la fois.

Les hommes tournent ces questions ardues comme les vieilles femmes et les enfants tournent les cimetières et les maudits endroits où se produisent des crimes de sang. Les uns ont peur des esprits noirs et impurs, les autres – de la clarté et de la pure vérité.

L'unité manque totalement dans notre manière d'envisager les rapports des deux sexes – c'est le même désordre, le mеmе dualisme que nous importons de nos théories vagues dans toutes les sphères pratiques de la vie. L'éternelle tentation de concorder, d'amalgamer la moralité chrétienne, – qui a pour point de départ le mépris du corps, du terrestre, du temporel, qui a pour but de vaincre, de fouiller aux pieds la chair, pour parvenir à l’autre monde – avec notre moralité terrestre, réaliste, moralité exclusivement de ce monde. D'ennui et de dépit – que cela ne va pas, et pour ne pas trop se tourmenter – on garde ordinairement – au choix et au goût – ce qui nous plait de la doctrine religieuse et on laisse de côté – ce qui gêne trop ou n'a pas l'avantage de nous plaire. Les hommes qui ne mangent pas maigre les journées de Carême – fêtent avec ferveur les fêtes de Pâques, de Noël. Est-ce que le temps n'est pas arrivé – d'avoir un peu plus de courage, de conséquence, de franchise et d'harmonie dans notre conduite?

Que celui qui respecte la loi – reste sous la loi – sans l'étreindre par caprice. Mais aussi que celui qui ne la reconnaît pas – qu'il le dise le front haut, qu'il ne soit pas un fuyard – qui craint la persécution, mais homme libre – le verbe haut.

Apporter cette manière de voir dans la vie privée est extrêmement difficile – et presque insurmontable pour la femme. Les femmes sont beaucoup plus profondément trompées par l'éducation que nous ne le sommes – et connaissent beaucoup moins la vie – et voilà la raison qu'elles s'émancipent plus rarement qu'elles ne font des faux pas, qu'elles sont en état de mutinerie – et d'esclavage perpétuel, aspirent passionnément à sortir de la position actuelle – et se cramponnent à elle avec un conservatisme acharné.

Depuis l'enfance la petite fille est effrayée – d’un mystère terrible et impur, d'un monstre qui la guête et contre lequel on la protège, on l'arme, on la prévient, on la prêche… comme si le monstre était doué d'une puissance d'attraction et avait besoin d'exorcisme. Peu à peu – l'éclairage change – le magnum ignotum – qui flétrit tout ce qu'il touche, dont le seul nom est une tache, l'allusion auquel est un acte impudique – fait rougir… il devient le seul but de l'existence de la fille… un soleil levant, vers lequel tout montre du doigt – le père, la mère, la famille, la bonne.

Au petit garçon qui commence à courir on s'empresse de donner une bandoulière et un sabre de bois… Va, cher petit, et joue avec l’assassinat fictif, porte des plaies à tes joujoux… en attendant que tu en porteras à ton semblable – dès six ans il ne rêve aussi qu'être soldat, tueur d'hommes en costume de mascarade. Mais la petite fille est bercée par des rêves tout opposés à l'assassinat.

Dors, dors, mon enfant,
Jusqu'à l'âge de quinze ans,
A quinze ans faut te réveiller,
A quinze ans faut te marier.

Et même avant quinze ans elle marie déjà sa poupée et lui achète un petit trousseau. La poupée aura aussi un enfant en porcelaine avec un petit brin…

Il faut s'étonner de la nature humaine qui ne cède pas entièrement, qui résiste et ne se déprave pas par éducation. On pourrait s'attendre comme conséquence de ces provocations, de ces excitations que toutes les petites filles, à quinze ans – iront se marier à des petits assassins pour remplacer les hommes qu'ils ont tués.

D'un côté, la doctrine chrétienne dans sa ferveur de faire une horreur de la chair… réveille dans l'enfant une question dangereuse, précoce, jette dans son âme <un> trouble… et quand le temps de la réponse arrive – une autre doctrine met d'une manière grossière le mariage comme l'idéal glorieux, le but de l'éducation d'une jeune personne.

L'écolièredevient fille à marier, promessa sposa, Braut – et le mystère trois fois maudit, le grand péché épuré devient non seulement le desideratum de la famille, le couronnement de l'éducation… le but de toutes les aspirations – mais presque un devoir civique. Les arts et les sciences, la culture et l'intelligence, la beauté, la richesse, la grâce – tout cela ne sont que des roses, des fleurs pour faciliter le chemin de la chute officielle, de la perpétration d'un crime – d'un crime immonde – penser auquel était un péché – mais qui chemin faisant a été métamorphosé en vertu et devoir… Comme la viande qu'on servit à un pape en voyage un jour maigre se transforma – par sa bénédiction – en plat maigre.

En un mot, positivement et négativement toute l'éducation de la femme – n'est que l'éducation, le développement des rapports sexuels, et c'est autour de ce pivot que tourne toute son existence ultérieure… Elle fuit ces rapports. Elle les poursuit, elle en est flétrie – elle s'en glorifie… Aujourd'hui elle garde avec terreur la sainteté négative de son innocence, elle bégaie rougis-sante, à voix basse – à sa plus proche amie – de son amour – et demain aux sons des fanfares, à la clarté de centaines de boi gies, – dans la présence d'une foule d'invités – elle se livre à un homme.

Fille à marier… épouse, mère – la femme ne commence à s'émanciper et à être soi-même que devenant grand'mere (et cela si le grand'père est déjà enterré)… Quelle existence… Touchée par l'amour, la femme ne lui échappe pas de sitôt… la grossesse l'alaitement, les premiers soins et la première éducation – ne sont que les conséquences du grand mystère qu'elle craignait tant l'amour continue dans la femme par la maternité, non seulement dans sa mémoire, mais dans son sein, dans son sang, elle fermente en elle, l'envahit, la domine – et même en s'en séparant – ne se détache pas d'elle.

Sur ce rapport physiologiquement profond et puissant le christianisme a soufflé – par son haleine fiévreuse, maladive, ascétisme monacale et par son souffle empoisonné des catacombes le transforma enflamme dévorante delà jalousie, de l'envie, de la vengeance, de la haine et de l'extermination, sous l'humble voile du pardon et de l'abnégation.

Sortir de ce chaos d'élucubrations et de spectres mêlés aux réalités – est un acte presque héroïque – et ce ne sont que les natures exceptionnelles qui réalisent ce saut périlleux… les autres se débattent – pauvres créatures – souffrent, et si elles ne perdent pas la raison – c'est grâce à la légèreté avec laquelle en général nous existons, passons d'un hasard à un autre, d'une contradiction à une autre… sans trop raisonner et sans nous s'arracher-jusqu'à ce coup de tonnerre terrible… funeste tombe sur notre tête…

Amen

Примечания

<Предисловие к публикации глав из пятой части в «Kolokol»>

Печатается по тексту газеты «Kolokol», № 12 от 15 сентября 1868 г., где было опубликовано впервые под заглавием «Feuilleton. Cogitata et visa. Fragments des mémoires d'Iscander». В «пражской коллекции» (ЦГАЛИ) хранится автограф этого предисловия, под заглавием, относящимся к опубликованным ниже текстам: «Cogitata et visa. Fragments du IVe volume des Faits et pensées par Iskander, 1848–1853». Эта рукопись служила наборным оригиналом при публикации предисловия в «Kolokol». На ней имеется, помимо исправлений рукой самого Герцена (см. «Варианты»), мелкая правка орфографического характера, сделанная, по-видимому, сыном Герцена – Александром.

Вслед за предисловием, под заглавием «Quatrième volume (Четвертый том) (1848–1853)», был напечатан французский перевод предисловия к русскому изданию «Былого и дум» от 29 июля 1866 г., а также главы «Le voyage» («Путь») и «La lune de miel de la République» («Медовый месяц Республики»). В следующем, 13 номере «Kolokol» от 15 октября 1868 г. были напечатаны главы «Dans l'orage» («В грозу»), «Après l'orage» («После грозы» – из «С того берега») и «Les pronostics» («Предзнаменования») – сокращенный вариант главы «1848». В № 14–15 «Kolokol» от 1 декабря 1868 г. – глава «„La Tribune des Peuples". – Mickiewicz et Ramon de la Sagra. – Choristes et statistes de la révolution. – 13 juin 1849». («Трибуна народов». – Мицкевич и Рамон де-ла-Сагра. – Хористы и статисты революции. – 13 июня 1849 года). Эти тексты, как указал Герцен, были переведены на французский язык его сыном Александром, но просмотрены самим автором. Перевод этот, в общем, довольно близок к подлиннику, однако в нем имеются и некоторые отклонения от русского оригинала и сокращения, вызванные тем, что публикация предназначалась для западноевропейского читателя. Не перечисляя этих изменений, – так как нет полной уверенности, что их сделал сам Герцен, – отмстим только, что в начале главы «La Tribune des Peuples…» к тексту, в котором дана характеристика взаимоотношений русских, приезжавших в Париж, и французов, в «Kolokol» сделано следующее подстрочное примечание: «Nous prions de ne pas oublier que tout cela a été écrit en 1855 et 56. Tant de choses ont changé depuis, que les meilleurs portraits ne sont plus ressemblants» («Мы просим не забывать, что все это было написано в 1855 и 56 годах. С того времени произошло столько перемен, что наилучшие портреты уже не имеют сходства»).

В «Supplément du Kolokol (La Cloche)», датированном 15 февраля 1869 г., Герцен продолжил публикацию отрывков из V части «Былого и дум», напечатав – в собственном переводе – главу «Les montagnes et les montagnards – Wiatka et Monte-Rosa – 1849» («Горы и горцы – Вятка и Монтероза – 1849»). См. этот текст в настоящем томе, стр. 384–389.

Лет десять тому назад г. Делаво опубликовал очень хороший перевод с русского первых томов моего «Былое и думы» ~ «Русский мир и революция». – Герцен имеет здесь в виду издание: «La Monde russe et la Révolution. Mémoires de A. Herzen. 1812–1835, Paris, 1860». Этот перевод был сделан Делаво (см. т. IX наст. изд., стр. 45).

<Глава XXXVII>

Печатается по черновой рукописи «пражской коллекции» (ЦГАЛИ). Без подписи. Дата перевода не установлена.

В переводе встречаются отклонения от русского оригинала; главнейшие из них следующие:

Стр. 76

После: переднюю // – он принес мне газету

Вместо: Пианори с своим револьвером? Пизакане // Маццини с своим упорством, Пианори с своим револьвером, Пизакане с своим знаменем…

Стр. 82-85

Вместо: Немец теоретически ~ «Der Bürgergeneral» // Вернемся теперь еще раз к нашему бравому бюргеру Струве – диктатору-пророку, Кромвелю и Иоанну Лейденскому великого герцогства Баденского – и к его коллегам.

Но прежде чем говорить о нем, я хочу прибавить еще несколько общих соображений насчет немецких Umwälzunge Männer[430]. Необходимо признать как общий тезис, что немецкие изгнанники были в научном отношении более развиты, чем изгнанники другой национальности, – но от этого им немного было проку.

Их язык попахивал академическим «чесноком» и первыми трагедиями Шиллера, они отличались поразительной неуклюжестью во всем, что относилось к практике, и раздраженным патриотизмом, весьма шовинистическим на свой лад и выступавшим под знаменем космополитизма.

После крестьянских восстаний и Тридцатилетней войны немцы не могут придти в себя – и чувствуют это[431]. Наполеон сделал все возможное, чтобы разбудить их, – это но удалось – он не успел еще переехать океан, как старые магнетизеры – короли, профессора, теологи, идеалисты и поэты усыпили уже всю Германию.

Немцы изучили весьма <…>[432] классы, они имели всегда <…>[433], как жизнь коротка и наука длинна, – они умирают еще до того, как заканчивают свое ученье. Реальная жизнь немца – в теории, практическая жизнь для него не более, чем атрибут, переплет для скрепления листов – и именно в этом следует искать причину того, что немцы, самые радикальные люди в своих сочинениях, – остаются очень часто «филистерами» в частной жизни. По мере освобождения от всего – они освобождаются от практических следствий применения своих учений. Германский ум в революциях – как во всем – схватывает общую идею в ее абсолютном значении, никогда не пытаясь реализовать ее.

Англичане, французы имеют предрассудки, которые редко встречаются у немца – и они добросовестно последовательны и простодушны. Если они и подчиняются обветшалым понятиям, потерявшим всякий смысл, – то это потому, что признают их истинными и неизменными. Немец не признает ничего, кроме разума, – и покоряется всему – то есть он раболепствует, в зависимости от обстоятельств, перед самыми грубыми предрассудками.

Он очень привык к маленькому comfort, «an Wohlbehagen» – и, переходя из своего кабинета в свою гостиную, в Prunkzimmer или спальню, он жертвует свободной мыслью своей – порядку и кухне. Немец, в сущности, большой сибарит; этого не замечают, потому что его скромные средства и его незаметная жизнь не производят впечатления – но эскимос, который пожертвовал бы всем для того, чтоб получить вволю рыбьего жиру, такой же эпикуреец, как Лукулл. К тому же лимфатический немец скоро тяжелеет и пускает тысячи корней в известный образ жизни. Все, что может нарушить его привычки, ужасает его и выводит из себя <…>

<Глава XXXVIII>

Печатается по тексту «Supplement du Kolokol (La Cloche)» от 15 февраля 1869 г., где было опубликовано впервые заподписью «I-г». В «пражской коллекции» (ЦГАЛИ) сохранился автограф этого отрывка с многочисленными исправлениями. Он служил наборным оригиналом при публикации в «Supplément…». Начало французского перевода «Cogitata et visa», выполненного сыном Герцена Александром, появилось в №№ 12–15 «Kolokol» от 15 сентября – 1 декабря 1868 г. На первом листе автографа имеются следующие надписи, сделанные рукой Герцена: «Продолжение для „Колокола" 1 декаб<ря>», «Продолжение», «Если не достанет для 4 листов, набирайте. – Если не нужно – возвратите». Под заголовком, там же, надпись: «Большая alinéa»[434]. Рукопись подписана: Isc<ander>. На ней имеется несколько карандашных поправок орфографического характера, сделанных, повидимому, Огаревым.

На обороте последнего листа надпись Герцена: «Отошли в типографию – поправив грамматику – это для сюплемента – как букет». Далее запись рукой Огарева:

«Чернецкий, что Герцен вам говорил о bon à tirer[435]? Ждать его из Цюриха или, хорошенько поправивши, печатайте.

Сколько еще места в „Колоколе"? Этот отрывок из „Былое и думы" был назначен в этот №, если нужно еще рукописи; а если нет, то набирайте его в „Supplément"».

К рукописи приложено 5 наклеенных на бумагу печатных колонок из «Supplément» с тем же текстом.

Выполненный Герценом французский перевод имеет ряд значительных отклонений от русского оригинала. Главнейшие из них следующие: Стр. 110-111

Вместо: Я с радостию покидал Париж ~ сухой // Я поспешно покидал Париж; я испытывал потребность отвернуться от зрелища, которое мне раздирало сердце, – я искал спокойного уголка, я не находил его в Женеве. То была та же среда, сведенная к малым пропорциям. Нет ничего более однообразного и тягостного, чем политические кружки после полного поражения, – бесплодные укоры, неизбежный застой, неподвижность, как дело чести, привязанность к выцветшим краскам, к явным ошибкам из чувства долга и благочестия. Побежденная партия всегда обращается к прошедшему, продвигается только вспять, превращается в памятник, статую, как жена Лота, – но без соли

Я вырывался иногда из этой удушливой атмосферы… в горы. Там, под суровой линией снегов, живет еще племя крестьян, сильное, почти дикое… и это в нескольких верстах от цивилизации, которая сползает с костей, как мякоть сильно протухшей рыбы. Этих горцев-крестьян не следует смешивать с крестьянами-буржуа из крупных швейцарских центров, этих караван-сараев, где живет алчное и скаредное население за счет бродячего туристского люда, увеличивающегося в числе с каждым годом.

…Однажды я отправился в Церматт. Уже в С. -Никола мы оставили за собой цивилизацию. Старик-кюре, который предоставлял у себя пристанище путешественникам, спросил у меня (это было в сентябре 1849 г.), что нового слышно о революции в Вене и как идет война в Венгрии. Там-то мы сели верхом на лошадей. Утомленные медленным подниманием, продолжавшимся почти несколько часов, мы зашли в маленький постоялый двор, чтоб отдохнуть и дать немного отдыху лошадям. Крестьянка, женщина лет сорока, худая, костлявая, но высокого роста и хорошо сохранившаяся, принесла нам все, что у нее было в доме. Немного же там было. Сухой

Стр. 111

Вместо: Когда меня везли из Перми в Вятку//…В 1835 году я проезжал на почтовых через леса Пермской губернии, в сопровождении жандарма и направляясь в ссылку.

Стр. 111–112

Текст: Другой ~ совестно – отсутствует.

Стр. 112–113

Вместо: но, видно, никто не крадет ~ этого пути // – И никогда не крадут? – сказал я своему проводнику. – Нет, Herr![436] Нет, это еще не люди!»

Покинув старушку, которая совестилась взять пять франков за корм четырех человек и двух лошадей, включая целую бутылку кирша, – мы продолжали наш путь по более крутому подъему. Дорога – тонкая нарезка в скале – была временами не шире метра и извивалась под скалами, нависшими над нашей головой, касаясь края обрыва, становившегося все более глубоким… Внизу несся, с шумом и бешенством, Весп, зажатый в тесное русло; он явно спешил выйти на открытый простор. В таких подъемах слишком много от Сальватора Розы. Это треплет нервы, утомляет их, угнетает… Часы и часы проходят, а зрелище не меняется. Другие скалы хмурят брови и готовы толкнуть вас в бездну; Весп рычит, местами видный и покрытый белой пеной, местами теряясь позади гор, сосновых лесов; подковы лошади стучат о камень, проводники повторяют все те же две ноты: «О! – Э! – И! – Be!» Очертания стираются, туманные испарения подымаются из глубин… Весп рычит, слышен конский топот. – «О! – Э! – И! – Be!» Это волнует нервы, раздражает их.

Церматт окружен горами, он почти примыкает к Мон-Роз; за этой колоссальной ширмой уже наступила ночь. Когда мы вошли в маленькую гостиницу, единственную в этих местах в 1849 году, – мы нашли там еще одного путешественника, – то был шотландский геолог, – и хозяйку дома. Мы сидели вокруг стола в ожидании ужина, – когда геолог нам сказал: «Господа, это звук колокольчиков на лошадях или мулах!» – «Да, да», – сказала хозяйка, внимательно прислушиваясь».

Стр. 113–114

Вместо: Через два часа со чисто и ясно // Два часа спустя, англичанка села на лошадь, сын ее весело взобрался на свою, и я открыл окно, чтоб услышать diminuendo[437] удаляющихся колокольчиков.

Что за женщина! Что за племя!

На следующий день, до восхода солнца, мы взяли третьего проводника, который хорошо знал тропинки и насвистывал еще лучше швейцарские песенки. У нас было намерение подняться до того места, куда еще можно добраться на лошади.

Я боялся, что день будет неудачным, беловатый туман покрывал все, и так тщательно, что не видна была даже гора Сервин. Хозяин гостиницы внес еще больше беспокойства в мою душу, сказав: «Ia, ia, der Wetterhorn s'isch ein grosser Herr lässt sich nik immer sehe lasse fur Jederman»[438]. К счастью, «великий властитель Сервина» оказался в хорошем настроении и вскоре явился во всем своем великолепии.

Туман заменился мелким и холодным дождем, и вскоре и дождь, и туман оказались под нами, словно дымный океан, расплавленная земля. Над нами же было синее и чистое небо.

Стр. 114

Вместо: его гора // гора, с высоты которой он услышал столько прекрасных вещей

Вместо: кроме легкогосона камнях // Это жизнь кипит, волнуется, кричит и шумит; здесь она уже пройдена; она осталась там, под туманом. Даже растения, эти глухонемые природы, исчезают и представлены только высохшим, посеревшим, полузамерзшим мохом.

Вместо: тут рубеж// Это рубеж планеты. Дальше нет ничего, кроме льда и скал. Туда ничто не проникает, за исключением нескольких механических звуков, трещин, обвалов.

Стр. 115

Вместо: серьезен и полон какого-то благочестия! // строг и серьезен, как саван, покрывающий этот труп суровой и мертвой природы!

Текст: Каким ~ натянутые – отсутствует.

<Раздумье по поводу затронутых вопросов>

Печатается по черновой рукописи «пражской коллекции» (ЦГАЛИ). Без подписи. Дата перевода не установлена.

В текст рукописи внесены следующие исправления (по контексту):

Стр. 390, строки 11–12: l'indépendance du passé admise et partant <независимость от прошлого, признанная и исходящая> вместо: l'indépendance du passé admise la résiliation et partant <независимость от прошлого, уничтожение акта, признанная и исходящая> (слово la résiliation ошибочно не зачеркнуто Герценом).

Стр. 397, строка 41: Elle fuit ces rapports <она бежит от этих отношений> вместо: fuit ces rapports <бежит от этих отношений> (слово Elle ошибочно зачеркнуто Герценом).

Ниже приводится перечень наиболее значительных смысловых отличий французского текста от русской основной редакции.

Стр. 202

Вместо: С одной стороны ~ измену//с одной стороны безвозвратно спаянная, заклепанная, навеки запертая семья, – такая, о которой мечтал Прудон, нерасторжимый церковный брак, неограниченная власть римского pater familias[439]…всепоглощающая семья, в которой лица – кроме одного – являются жертвами во имя общей цели; брак, освящающий неизменяемость чувств, вечную нерушимость обета… с другой – новые учения, в которых узы брака и семьи развязаны, неотразимая власть страстей признана правомочной, независимость былого допущена и исходит из необязательности договоров.

С одной стороны женщина, влачимая к позорному столбу, чуть не побиваемая каменьями за то, что называют изменой, не разобравшись в сущности дела,

После: противоречий // и еще в 1843 году я впервые пытался ориентироваться в этом мраке

Стр. 203

После: а не догматы // можно строго наказывать их, но не искоренять

Вместо: Сама по себе ~ подстрекаема// Вместо узды и сопротивления – она встречала только поощрения и сочувствие. Своей собственной силой – бурная, пламенная страсть – вместо укрощения была подстрекаема общим хором

После: «ирредуктибельное» // непобедимое

Вместо: фуркулы ~ история // фуркулы антиномий

Стр. 204

Вместо: Гегель снимал ~ общих интересов // Гегель растворял эти антиномии в абсолютном духе… Прудон – в идее справедливости. Абсолют – это философский догмат, справедливость может поступать строго, подвергать осуждению – но она не имеет никакой власти над страстями. Страсть по природе своей несправедлива, пристрастна. Справедливость отвлекается от личностей, она безлична – страсть же по преимуществу лична, пристрастна.

Стр. 205

Вместо: к освобождению от внешней цепи // к освобождению, от бесконечного долга, к освобождению от цепи, быть может добровольно принимаемой, но все же остающейся цепью

Вместо: Люди постоянно протестовали// Жизнь постоянно протестовала

Стр. 206

Слова: Проект ~ пренебрежения – отсутствуют.

Вместо: Здоровая жизнь ~ страстей// Здоровый человек равно бежит от монастыря и конского завода, от бесплодного воздержания монаха и бесплодной любви куртизанок

После: для христианства // исполненного противоречия между учением и практикой

Вместо: Монах и католический поп // Священник

Слово: глупую – отсутствует.

Вместо: любовь ~ пожертвована//из злобного чувства, любовь (ненавидимая церковью) наказана в ней, она пожертвована из принципа

Слово: Оскорбленная – отсутствует.

Перед: Грозный муж // Помните ли вы мрачное существование в поэтизируемые времена рыцарства?

Вместо: в башне ~ женщина//в замковой башне или башенке, в подвале или подземной темнице, молодая женщина в слезах, с отчаяньем в сердце

Стр. 207

Вместо: Между тем ~ полицию // Вскоре мир, начинающий секуляризироваться, поддерживающий брак, – уступает. Брак частично теряет свой религиозный характер и приобретает новую полицейскую и административную силу

Стр. 208

Вместо: на пожизненную любовь ~ не передается//вечно любить человека, которого она едва знала – более того, ее выдают ее врагу, ее собственнику, как дезертира в его кровавый непотребный дом – полк; он же, он сумеет, со своей стороны, наказать ее за то, что она забыла, что брак, так же, как и season tickets, не подлежит передаче в чужие руки.

Стр. 209.

Вместо: власть ~ увлечением // и неограниченную власть, я протестую против вечного оправдания всех поступков – увлечением, превышающим силы человеческие

После: Далилы // потеряв всю приобретенную силу…

Вместо: Разве кто-нибудь ~ а жизнь // Вообще женщина далеко не виновата в своих предрассудках и своих преувеличениях – разве кто-нибудь серьезно думал о том, чтоб уничтожить, искоренить в самом женском воспитании злополучные предрассудки, которые передаются из поколения в поколение. Их иногда разбивает жизнь, встречи, – но чаще всего разбивается не предрассудок, а сердце – иногда и то и другое одновременно.

Слова: и остаются ~ Серьезного – отсутствуют.

Стр. 210

Вместо: свободным сознательно //пусть скажет это, высоко подняв голову, пусть не является он беглецом, боящимся преследования, а человеком свободным – с громкой речью

После: целью ее жизни // восходящим солнцем, на которое все указывают пальцем, – отец, мать, семья, служанка

Вместо /дают жестяную саблю// спешат дать перевязь и деревянную саблю… Иди же, малыш, и играй в воображаемое убийство, наноси раны своим игрушкам… в ожидании, когда ты нанесешь их себе подобным – с шести лет он тоже мечтает только о том, как станет солдатом, убийцей в маскарадном костюме. Но девочку убаюкивают грезы, совершенно противоположные убийству

После: A quinze ans faut te-marier // И даже еще до пятнадцати лет она уже выдает замуж свою куклу и покупает ей маленькое приданое. У куклы также будет фарфоровый ребеночек с куколкой в руках…

Стр. 211

После: невестой //promessa sposa, Braut[440]

После: обиды//под скромным покровом прощения и самоотвержения

После: хаоса // измышлений и призраков, смешанных с действительностью

Стр. 212

После: к противоречию // не предаваясь излишним размышлениям и не вырываясь, пока ужасный… гибельный удар грома не падет на нашу голову. Аминь

Текст: Какую ширину ~ победу… – отсутствует.

419. своеобразный (лат.). – Ред.

420. Пропуск в рукописи. – Ред.

421. Ecrit en 1855 – 56.

422. Угол листа оторван. – Ред.

423. Угол листа оторван. – Ред.

424. Угол листа оторван. – Ред.

425. Рукопись повреждена. – Ред.

426. Рукопись повреждена. – Ред.

427. Рукопись повреждена. – Ред.

430. мужей переворота (нем.). – Ред.

431. Писано в 1855 – 56 гг. 

432. Рукопись повреждена. – Ред.

433. Рукопись повреждена. – Ред.

434. абзац (франц.). – Ред.

435. указании печатать (франц.). – Ред.

436. господин (нем.). – Ред.

437. постепенно уменьшающийся звук (итал.). – Ред.

438. Да, да, Веттергорн – великий властитель, он не позволяет на себя смотреть каждому (нем. диал.). – Ред.

439. главы семейства (лат.). – Ред.

440. невестой (итал. и нем.). – Ред.